lundi 31 mars 2014

Donc, je me marie avec une Polonaise

Mariage Pour Tous - mais pas pour tous


Donc, on va se marier. Voilà, fallait bien que ça arrive. Elle a mis un genou à terre, et a posé LA question. Et j'ai dit oui. 

 Et maintenant quoi? Maintenant, on va se marier. Mais pas si vite. 

Car, si pour nombre de couples, l'annonce et organisation d'un mariage est, certes compliqué, mais avant et surtout, une partie de plaisir et un moment fort, pour nous, ce sera surtout un cauchemard administratif. 

  • Je suis une femme, qui se marie avec une femme. Le Mariage pour Tous est une réalité récente, née d'un affrontement archaïque entre imbéciles restés au Moyen-Âge, un gouvernement mou et des associations militantes et de plus en plus déçue par toutes les concessions et drois abandonnés en chemin. Bref, je ne m'attends pas à ce que Madame la Maire fraichement élue, sans pression de faire bonne impression pour les élections prochaines, nous laisse nous marier, nous, deux femmes, sans faire la difficile. 
  •  Je suis Française à l'Etranger. Pour me marier, donc, peu de choix: soit me marier sous la loi de mon pays de résidence - ce qui est impossible, puisque le Mariage Pour Tous n'y est pas reconnu - soit retourner en France pour faire les démarches et tout organiser de loin. Soit quelques - coûteux - aller-retour pour un morceau de papier et une organisation qui va vite tourner au sacré casse tête. 
  •  Je veux me marier avec une Polonaise. Et c'est là où le bat blesse, en fait, le plus. Si je pourrais botter les fesses d'une Maire récalcitantre et trouver le financement de ce qui va être l'événement le plus cher de mon existence, je ne peux rien faire contre la Loi. Innocents sont ceux qui croient que le Mariage pour Tous est pour Tous. Car une circulaire du 29 Mai 2013 interdit aux Maires de marier un.e Français.e homosexuel.le aux citoyens de onze autres pays. Dont la Pologne. En cause, des accords internationaux qui fait primer, dans ces couples binationaux, la loi du pays du conjoint.

Notre mariage ne sera donc pas simple. On n'aura quelques étapes en plus avant la checklist du mariage, la décision des invités, louer la salle, l'enterremment de vie de jeune fille, les voeux de mariage, le gâteau et la musique kitch. On aura l'incertitude, l'inquiétude, le rejet, le tribunal, les frais d'avocat. On devrait justifier pourquoi on mérite d'être traités comme les autres. Et on devra peut-être, aussi, accepter la défaite, accepter d'être discriminées, d'être traitées comme des moins que rien.

Je ne sais pas comment cette situation va évoluer.

Ce blog est un journal de bord, pour nous aider à traverser cette épreuve, et pour aider ceux qui, peut-être, auront besoin des informations que nous gladerons en chemin.

Bonne lecture !